La révolte des ordures

Alors que les autorités locales lancent des cris d'alarme face aux montagnes de déchets, les habitants de Naples ont élevé des barricades d'ordures.
Au cours de la semaine, les incendies de détritus allumés par des Napolitains excédés se sont multipliés. Et la chaleur qui revient empire la situation.

La Campanie est placée depuis 14 ans en "situation d'urgence déchets" en raison du dysfonctionnement chronique des centres de traitement en partie dû à l'infiltration de la mafia napolitaine dans le marché juteux du recyclage des ordures. Une situation qui dégénère sporadiquement à Naples où les habitants doivent cohabiter quotidiennement avec des masses de détritus. De nombreuses rues du centre historique sont submergées par des montagnes de déchets rendus nauséabonds par les premières chaleurs, et qui gênent piétons et automobilistes. Quelque 5000 tonnes de déchets n'ont pas été ramassées dans la cité parthénopéenne, pour un total dépassant les 40.000 concernant la région Campanie.

Cette crise des déchets a franchi une nouvelle étape dimanche lorsque des habitants excédés ont barré les rues avec des immondices en signe de protestation, une image aussitôt véhiculée dans tout le pays par les chaînes de télévision italiennes. De nombreux feux de poubelles ont été signalés dans la ville et dans la région Campanie où les pompiers sont parfois accueillis à coups de pierre et doivent désormais être escortés par des policiers lors de leurs interventions.

Premier conseil des ministres sous le signe des ordures

La tension était allée croissant au cours des derniers jours puisque l'armée italienne a dû intervenir jeudi dans une ville de Campanie pour dégager l'accès à une école bloqué par des ordures. Il a fallu aux militaires déblayer une trentaine de tonnes de déchets. Pendant qu'à Naples même, dans le quartier d'affaires, des habitants mettaient le feu à un tas de poubelles en plein jour, portant à plus de 60 les interventions de pompiers en une seule journée pour éteindre des incendies de tas d'immondices allumés par des résidents excédés. Une séance du Conseil régional de Campanie avait dû être suspendue après la mise à feu d'ordures accumulées sous ses fenêtres, qui a provoqué une épaisse fumée.

Les autorités locales ont estimé cette semaine que la crise des déchets à Naples et dans sa région avait dépassé la "cote d'alerte". "Il faut faire vite pour activer toutes les mesures qui vont permettre de débarrasser des déchets les rues de Naples et les communes de la province, car la situation est à présent dramatique et on ne peut plus attendre", a lancé, en forme de cri d'alarme, le président de la province de Naples à l'agence Ansa. Mardi, lors de son premier discours devant la Chambre des députés, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a promis que "le scandale des déchets prendra fin", tout en avouant mercredi à des journalistes que la situation le "préoccupait". Mercredi prochain, le nouveau chef du gouvernement réunira symboliquement son premier conseil des ministres dans la ville qu'il avait promis dès sa victoire aux élections de nettoyer de ses déchets.

Le Premier ministre italien tient mercredi son premier Conseil de ministres à Naples pour marquer sa volonté de résoudre la crise.
Après les incidents du week-end, la situation s'est calmée dans le centre de la ville, mais la périphérie est toujours submergée de déchets.

Comme il l'avait indiqué pendant la campagne électorale, Silvio Berlusconi organise mercredi le premier conseil des ministres de son gouvernement non pas à Rome mais à Naples. Le choix, évidemment symbolique, est destiné à illustrer sa volonté de résoudre la crise des ordures qui a nui au prestige du pays dans le monde entier.

"Personne n'a de baguette magique, le problème est sérieux. La population a de grandes attentes, mais je ne vais pas la décevoir", a promis le nouveau Premier ministre, qui aura beau jeu de faire remarquer que ni la municipalité, gérée par la gauche, ni l'ancien gouvernement n'ont trouvé de solution -la crise dure, de manière plus ou moins aiguë, au total depuis 14 ans !

Les pompiers pris pour cible

Le moment est crucial : après un premier conflit en janvier, les habitants de Naples, excédés, ont profité de ce Conseil des ministres pour de nouveau attirer la situation sur eux. Ce week-end, ils ont incendié volontairement des tas de déchets ou attaqué les pompiers à coups de pierre. Même si leur colère s'est apaisée après le nettoyage du centre historique, la périphérie reste toujours envahie par des montagnes de déchets.

Selon le quotidien des milieux d'affaires, Il Sole-24 Ore, le gouvernement devrait annoncer un raccourcissement des procédures pour construire des incinérateurs, l'utilisation de terrains militaires supplémentaires comme décharges et la nomination d'un secrétaire d'Etat délégué, uniquement chargé du problème.

La mafia contre une solution

Jusqu'à présent, les plans d'urgence adoptés à la fin janvier lors de la précédente crise par le gouvernement Prodi n'ont pas eu les effets escomptés. Sans collecte différenciée, les rares décharges non saturées encore en activité en Campanie ne peuvent accueillir légalement les déchets. Des décisions de justice interdisent régulièrement aux autorités locales de rouvrir des décharges parce que la croissance anarchique immobilière de Naples les ont placées peu à peu au cœur de quartiers défavorisés.

Dans d'autres cas, ce sont des associations de défense de l'environnement ou de riverains qui s'opposent, parfois par la force, à la réouverture d'anciens sites de stockages ou aux travaux préparatoires à la construction d'usines d'incinération. L'envoi des déchets par trains spéciaux vers des usines allemandes ou par bateau vers d'autres régions d'Italie ne concerne pas des quantités suffisantes pour résoudre le problème. Enfin la camorra, la mafia napolitaine, est régulièrement accusée par les autorités de travailler en sous-main pour empêcher toute solution de la crise de façon à pouvoir exploiter pour son compte le juteux marché de l'élimination des déchets.

les pauvres, c'est horrible. l odeur doit être infecte. moi qui aimerait bien aller en Italie, ben oui sauf à Naples quoi. en + les touristes doivent fuir la ville comme la peste. pas bon pour eux tout ça. il serait temps que leur gouvernement réagisse (enfin je referai pas le monde)