Fusillade en Allemagne

Un jeune de 17 ans en tenue de combat a fait irruption mercredi dans un collège près de Stuttgart. Dans sa fuite, il a tué 3 passants avant de se suicider.
C'est un massacre "inconcevable", a affirmé la chancelière Angela Merkel dans une déclaratoin télévisée.

La fusillade s'est produite mercredi vers 9h30 au collège Albertville dans la petite ville de Winnenden, près de Stuttgart, en Allemagne. Armé d'un pistolet-mitrailleur, un ancien élève de 17 ans vêtu d'une tenue de camouflage noire a fait irruption dans l'établissement ouvrant le feu et tirant sur les personnes sans distinction. Bilan : 16 morts (neuf collégiens, trois enseignantes, trois passants et le tireur), et de nombreux blessés. Le forcené a ouvert le feu dans deux salles de classe dont les élèves seraient âgés de 14 à16 ans, puis s'est enfui en voiture avec un otage.

Dans sa fuite il a tué trois passants, selon la police. Il s'est emparé d'une voiture, en chassant le chauffeur, et a été intercepté une quarantaine de kilomètres plus loin. Il est mort dans l'échange de coups de feu qui a suivi, a indiqué le ministre devant la presse. Selon la police, le jeune homme s'est donné la mort. L'échange de tirs s'est produit autour d'une concession automobile, à une trentaine de kilomètres du collège. Selon une chaîne de télévision, le forcené a utilisé une arme que ses parents possédaient en toute légalité. La principale du collège, citée par le ministre de la Culture du Land, a dit qu'il s'agissait d'un élève comme les autres. "Il avait à l'évidence une double identité", a-t-elle ajouté.

Le massacre est "inconcevable", a affirmé Angela Merkel dans une déclaratoin télévisée. "Comme tout le monde en Allemagne, je suis horrifiée, bouleversée, et stupéfaite de ce qui s'est passé à l'école Alberville à Winningen", a affirmé la chancelière, qui a assuré les autorités locales du soutien total des autorités fédérales. "C'est un jour de deuil pour toute l'Allemagne", a-t-elle ajouté, affirmant que ses pensées et prières allaient aux familles des victimes. Cette tuerie rappelle à l'Allemagne le cauchemar du 26 avril 2002 lorsque 16 personnes (dont 12 enseignants) avaient été tuées dans un lycée d'Erfurt par un élève en échec scolaire, âgé de 19 ans, qui s'était ensuite donné la mort.

Un ministre a admis avoir été berné par un message prétendument diffusé sur le Net par l'adolescent qui a tué 15 personnes mercredi, annonçant qu'il allait commettre un massacre.


Le ministre de l'Intérieur de l'Etat régional allemand du Bade-Wurtemberg a admis avoir été berné par un message prétendument diffusé sur internet par l'adolescent qui a fusillé mercredi 15 personnes, annonçant qu'il allait commettre un massacre. Heribert Rech, qui avait lu jeudi le texte de cette annonce supposée lors d'une conférence de presse, a reconnu dans une déclaration publiée dans la nuit de jeudi à vendredi avoir été trompé par "une fausse nouvelle" diffusée par "un cinglé".

La police a de son côté affirmé qu'elle enquêtait sur deux personnes qui prétendaient avoir vu le message sur un forum de discussion sur internet. Les policiers avaient déjà émis des doutes jeudi soir sur l'existence du message. Un porte-parole avait indiqué qu'aucune trace du prétendu message n'avait été retrouvée dans l'ordinateur de Tim Kretschmer, qui a tué 15 personnes, dont 12 dans son ancien collège près de Stuttgart. Il avait ensuite pris la fuite, tuant trois autres personnes dans sa cavale avant de se suicider.

"Ça va vraiment chauffer"

Le site internet en question, Krautchand.net, était fermé jeudi, mais une annonce affirmait que ce serveur n'avait jamais diffusé de message de l'adolescent. "La presse allemande a probablement été trompée (et pas pour la première fois) par un faux", affirmait le site.

"J'ai des armes ici, demain matin j'irai à mon ancienne école et ça va vraiment chauffer. Restez à l'écoute, vous entendrez parler de moi demain. Retenez bien le lieu: Winnenden", indiquait le message cité par le ministre régional. "J'en ai marre, j'en ai assez de cette vie qui n'a pas de sens, c'est toujours la même chose", ajoutait-il.

Les enquêteurs allemands cherchent toujours à cerner sa personnalité apparemment complexe.



D'un côté, il y a ce garçon à lunettes, décrit par ceux qui l'ont connu comme "sans histoires", cet étudiant en école de commerce "réservé mais sympathique", ce bon joueur de ping-pong, issu d'un milieu aisé. De l'autre, ce garçon accro aux jeux vidéo, aimant les films d'horreur et les armes à feu. Avec le Beretta de son père, il aurait tiré plus de 100 cartouches lors de son massacre. Qu'est ce qui a poussé Tim Kretschmer, 17 ans, à abattre 15 personnes avant de se suicider. Trois jours après la tuerie de Winnenden, les enquêteurs allemands peinent toujours à trouver une réponse.

Y a-t-il des explications du côté de sa famille ? Selon les éléments révélés cette semaine par le procureur de Stuttgart, "il a grandi dans une famille heureuse", il avait une soeur cadette "avec laquelle il s'entendait bien", d'après le magistrat. "Il n'avait pas beaucoup d'amis, mais il cultivait quelques amitiés, et il y avait une fille en particulier qui l'intéressait".

Son amour pour les chats et les jeux vidéo violents

Au collège, selon la responsable de l'établissement où le massacre a eu lieu, c'était "un élève qui ne s'était absolument jamais fait remarquer". Il avait quitté l'établissement en 2008. Depuis, il poursuivait normalement des études commerciales. D'après l'une de ses enseignantes, il s'entendait bien avec ses camarades de classe. Des notes moyennes, une attitude discrète mais de bonnes réponses quand on l'interrogeait. Pour le directeur de l'école, "il se sentait bien ici et venait travailler de bon coeur". "Sa colère n'avait sans doute pas rapport à cette école, sinon tout se serait passé ici".

L'an dernier, il aurait suivi un traitement psychiatrique pour "dépression". Selon le procureur de Stuttgart, il s'était rendu à plusieurs reprises dans une clinique spécialisée. "Il devait ensuite poursuivre des consultations, mais apparemment il ne l'a pas fait", selon lui. Faux, selon les parents de Tim, qui précisent via leur avocat qu'il n'avait jamais reçu de traitement psychiatrique en clinique.

Une certitude, le garçon, qui passait "beaucoup de temps sur son ordinateur", était un adepte de jeux vidéo violents. En analysant son disque dur, les enquêteurs ont conclu qu'il avait passé plus de deux heures la veille du massacre à jouer à "Far Cry 2", un jeu sur une chasse en Afrique où il faut éliminer un trafiquant d'armes. D'après le magazine Der Spiegel, Tim prenait régulièrement part, sous le pseudo "JawsPredator1", à des forums de discussion sur le Net. Le 23 août dernier, il avait évoqué sur l'un d'eux d'autres massacres en Allemagne commis par des jeunes dans des écoles. "Le plus drôle c'est que même quand ils ont eux-mêmes annoncé qu'ils allaient le faire, personne ne les a crus", relevait notamment "JawsPredator1". Lui n'avait rien annoncé. Pour ses grands-parents paternels, "c'était un jeune tranquille, tout à fait normal" qui aimait jouer avec le chat. "Pourquoi il a fait cela est un mystère et le restera", estime son grand-père.