Bagarres entre bandes ou agression antisémite?

Une information judiciaire pourrait être ouverte mardi matin pour la violente agression samedi soir d'un jeune juif dans le XIXe à Paris.
Cinq jeunes ont été déférés au parquet lundi soir, mais ils n'auraient pas été directement impliqués dans l'agression. La victime, sortie du coma, avait été interpellée l'an dernier après des incidents à caractère communautaire.

Rudy est sorti du coma artificiel lundi midi, mais on ne peut encore se prononcer sur d'éventuelles séquelles. En attendant qu'il livre peut-être sa version des faits, les cinq mineurs, en garde à vue depuis la violente agression, samedi soir dans le XIXe à Paris, à coups de barres de fer, de cet adolescent de confession juive âgé de 17 ans, ont été déférés lundi soir au parquet en vue de l'ouverture d'une information judiciaire.

Toutefois, selon de premiers témoignages recueillis par les enquêteurs, la participation directe de ces cinq jeunes aux violences n'est pas avérée. En revanche, l'information judiciaire pourrait être ouverte mardi matin sous les chefs de violences volontaires en réunion, aggravées par le caractère antisémite, et non assistance à personne en péril.

"Le caractère antisémite probable"

La violente agression de l'adolescent a été victime a déclenché un tollé tant dans la communauté juive, qui parle d'acte antisémite, que dans le monde politique et associatif qui ont exprimé leur indignation et leur soutien à la victime et à sa famille. Dernière réaction en date, celle de Nicolas Sarkozy. La justice française punira "avec sévérité" les agresseurs, a indiqué lundi le président à Jérusalem, estimant que la lutte contre l'antisémitisme était "l'affaire de tous les Français". "J'ai été particulièrement choqué de ce qui est arrivé à un jeune français sous prétexte qu'il portait une kippa. Une bande de voyous l'a agressé", a affirmé Nicolas Sarkozy lors d'un discours devant la communauté juive et arabe francophone d'Israël dans un hôtel de Jérusalem. "Qu'on parte pour vivre en Israël par conviction, je respecte profondément ce choix. Mais je n'accepterai pas qu'un seul Juif de France parte parce qu'il a peur, parce que les Juifs de France sont les bienvenus en France qui est leur pays" a-t-il ajouté.

Lundi matin, Gilles Bernheim, nouveau Grand rabbin de France, avait tenu à faire preuve de prudence quant au caractère antisémite de l'agression. "Il faut savoir avant de se prononcer de manière définitive. C'est le rôle et l'objet de la justice que de savoir et pas l'homme de morale que je suis d'aller vérifier sur le terrain ce que d'autres ont pu dire à ce sujet", a-t-il déclaré sur RTL, avant de préciser qu'il "est manifeste que le caractère antisémite est probable, je ne dis pas certain. Probable".

Le patron d'un bar-tabac situé à quelques mètres du lieu de l'agression, a évoqué lundi au micro de RTL un "règlement de comptes entre petites bandes" plutôt qu'une agression antisémite. "Aux alentours de 18h-18h30, il y a un groupe de jeune juifs qui sont arrivés, ils étaient approximativement une vingtaine qui se sont dirigés vers le square au niveau de la rue Petit et qui sont allés directement agresser des jeunes et puis après, il s'en est suivi une altercation assez violente" a déclaré l'homme, qui n'a pas donné son nom mais qui affirme avoir été témoin direct de la scène. "Il s'en est suivi une altercation assez violente, il y a eu des jets d'objets, moi, j'étais là en train de baisser mes rideaux métalliques de peur que ma vitrine soit endommagée, ils se sont tous sauvés, à priori ils auraient laissé un de leur amis à terre", ajouté l'homme.

Rudy avait été interpellé en 2007

Rudy avait été interpellé le 9 décembre 2007, a indiqué lundi une source policière. L'adolescent avait été placé en garde à vue en compagnie de trois camarades après des "incidents à caractère intercommunautaire", avec un autre groupe de jeunes d'origine maghrébine, en marge d'une manifestation qui avait eu lieu à Bercy, à Paris, pour la Hanouka, la grande fête juive de fin d'année.

Rudy et ses camarades avaient été trouvés porteurs de poings américains et "autres projectiles de défense". Ils n'avaient pas été écroués. Une procédure judiciaire avait été ouverte pour ces faits qui est "toujours en cours", a indiqué la même source. Par ailleurs, selon la même source, les Renseignements généraux (RG) ont fait état dans des notes et rapports, de "plusieurs tensions et vifs incidents à caractère communautaire", depuis 2006, notamment dans quartier des Buttes-Chaumont où le jeune homme a été passé à tabac, notamment à coups de barre de fer.

Bonjour

réaction simple de ma part

la betise et la méchanceté se retranchent derrière tous les mauvais prétextes, supporters, intolérance religieuse et raciale ... rien à rajouter mais il faut en parler c'est v rai, bonne journée

Peu avant le passage à tabac de ce jeune Juif à Paris, deux bagarres avaient éclaté entre "une bande de jeunes juifs" et un "groupe de jeunes afro-maghrébins".
Selon l'avocate du jeune homme, ce dernier avait été "sensibilisé" à la nécessité de se "tenir tranquille" par le contrôle judiciaire qui lui était imposé depuis six mois.

Les enquêteurs commencent à y voir plus clair dans les circonstances qui ont entouré l'agression d'un jeune juif, samedi soir dans le XIXème arrondissement de Paris. Selon une source proche du dossier, deux rixes ont précédé le passage à tabac de Rudy, 17 ans. Un premier jeune juif a été agressé par une bande "de jeunes noirs", dont le nombre n'a pas été précisé, vers 16h30 rue Laumière, la victime se faisant arracher sa chaîne de cou avec sa croix de David dans la bagarre. Une demi-heure plus tard, une rixe oppose un groupe de jeunes juifs à une "bande de jeunes afro-maghrébins" non loin de là dans le secteur du parc des Buttes Chaumont (XIXe), affrontements au cours desquels un jeune juif sera blessé au bras par un coup de machette. Deux heures plus tard un groupe de jeunes juifs, "assez nombreux" selon la source, affronte de nouveau un "groupe afro-maghrébin". C'est au cours de cette bagarre que Rudy, qui n'aurait pas participé à la précédente rixe des Buttes-Chaumont, était laissé au sol grièvement blessé.

La piste du règlement de comptes entre bandes avait déjà été évoquée lundi par l'un des témoins de l'agression. Le patron d'un bar-tabac situé à quelques mètres du lieu du drame, avait parlé au micro de RTL d'un "règlement de comptes entre petites bandes." "Aux alentours de 18 heures, il y a un groupe de jeune juifs qui sont arrivés, ils étaient approximativement une vingtaine qui se sont dirigés vers le square au niveau de la rue Petit et qui sont allés directement agresser des jeunes et puis après, il s'en est suivi une altercation assez violente" a déclaré l'homme, qui n'a pas donné son nom mais qui affirme avoir été témoin direct de la scène. Mais pour l'avocate du jeune homme agressé, ce dernier avait été "sensibilisé" à la nécessité de se "tenir tranquille" par le contrôle judiciaire qui lui était imposé depuis six mois. Le jeune homme avait été mis en examen pour des violences et placé sous contrôle judiciaire, après des "incidents à caractère intercommunautaire" survenus le 9 décembre 2007 à Paris.

« Relent d'antisémitisme »

Mais pour le Grand Rabbin, Gilles Bernheim, le caractère antisémite de l'agression ne fait aucun doute. Gilles Bernheim qui remplace Joseph Sitruk, avait d'abord appelé à la prudence, dimanche, il avait estimé que l'agression était "probablement" antisémite mais déclarait ne pas en être certain. Interrogé sur Radio J, mardi, il a expliqué son revirement : "Nous étions dimanche soir, je sortais d'une journée d'élection où rien n'avait filtré", a-t-il justifié. «Aujourd'hui, cet acte est antisémite, cela a été confirmé hier soir lundi. (...) Ce qui vient de se passer ce week-end est quelque chose d'immonde, notoirement antisémite, d'une rare violence", a-t-il martelé, indiquant s'être rendu au chevet de la victime lundi après-midi.

La sphère politique a également vivement réagi à cette agression. La Ligue communiste révolutionnaire a condamné lundi la "scandaleuse agression" dont a été victime Rudy, une "attaque" qui a un "relent d'antisémitisme". "Toutes les formes de racisme, de xénophobie et d'antisémitisme sont intolérables" et "seul le dialogue entre jeunes de toutes origines permettra de résoudre cette détestable situation qui nourrit la violence", a estimé la Ligue. Les Verts ont également fait entendre leur voix. Ils ont appelé, mardi, les pouvoirs publics à agir contre la "montée de la violence dans nos quartiers." Exprimant "leur émotion et leur inquiétude", les Verts jugent dans un communiqué qu'"une telle violence puisse avoir lieu aujourd'hui dans notre pays est inadmissible".

Rudy, 17 ans, avait été grièvement blessé le 21 juin lors d'affrontements intercommunautaires entre bandes dans le 19e, à Paris.
Les interpellés ont été placés en garde à vue.

Sept jeunes gens ont été interpellés mardi dans le cadre de l'enquête sur l'agression de Rudy, un jeune juif de 17 ans, grièvement blessé le 21 juin lors d'affrontements intercommunautaires entre bandes dans le XIXe arrondissement de Paris, et un a été remis en liberté, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Quatre jeunes habitant dans le XIXe arrondissement et un autre originaire d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ont été interpellés par la police mardi matin et placés en garde à vue. L'un d'eux, arrêté dans le XIXe arrondissement, a été remis en liberté dans la journée. Dans l'après-midi, un jeune habitant du XIXe arrondissement de Paris a été interpellé sur son lieu de travail alors qu'un autre se sachant recherché s'est présenté spontanément à la police. Ils ont rejoint les quatre autres en garde à vue dans les locaux de la 2e division de police judiciaire. Selon cette source, les personnes en garde à vue sont âgées de 25 et 26 ans, à l'exception d'un mineur de 17 ans.

Le 25 juin, cinq mineurs arrêtés après les affrontements avaient été placés sous le statut de témoins assistés par le juge Géraldine Rigollot. La magistrate n'avait pas suivi les réquisitions du parquet qui demandait leur mise en examen et leur placement en détention provisoire pour violences volontaires en réunion, aggravées par le caractère antisémite de l'agression et le port d'arme.