Enquête - 28kg d'explosifs volés dans un centre de déminage

La ministre de l'Intérieur a suspendu le directeur de ce site situé à Corbas près de Lyon.
De source policière à Paris on indique qu'il s'agit d'un vol de Semtex, explosif très "performant".

Dans un site de la Sécurité civile à Corbas, près de Lyon, la disparition de 28 kilos d'explosifs suscite l'inquiétude. Une enquête préliminaire a été ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris. De source policière, il s'agirait de Semtex, un explosif très "performant" , pratiquement indétectable, car sans odeur, largement utilisé depuis de nombreuses années par les mouvements terroristes.

Dix kilos de Semtex peuvent casser un avion en deux mais un seul kilo de cet explosif, bien placé dans un appareil, peut conduire à une dépressuration telle qu'elle conduira à la chute de l'avion. Selon une source judiciaire, "c'est une affaire prise très au sérieux". Cette disparition a été constatée, vendredi, par des fonctionnaires, mais le vol pourrait être plus ancien et dater d'une semaine.

"Défaillances avérées"

Le ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a réagi dans un communiqué en indiquant que le vol était dû à des défaillances "avérées" dans la sécurisation de ce site, et qu'une enquête administrative interne a été lancée. Elle a également suspendu le directeur du centre.

Les explosifs étaient stockés dans un site appartenant au service de déminage de la Sécurité civile, et l'enquête devra notamment établir comment des inconnus ont pu s'emparer de ces substances. "La présence des explosifs à cet endroit était normale, mais l'enquête devra établir comment ils ont pu être volés", a indiqué cette source judiciaire, sans vouloir confirmer ou infirmer l'information du JDD.fr, selon laquelle le site n'était pas surveillé. L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Lyon et à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire à Paris.

Selon le préfet de police du Rhône, le site où étaient entreposés les explosifs, était sans protection depuis sa vente au ministère de l'Intérieur en 2005.

La découverte, vendredi, de la disparition de 28 Kg d'explosifs dans un site de la Sécurité Civile de Corbas, près de Lyon, fait polémique. Le premier point d'achoppement concerne le lieu où les explosifs étaient stockés. Le préfet de police du Rhône, Xavier de Fürst, a expliqué samedi sur RTL qu'il n'était "pas habituel et surtout pas autorisé" d'entreposer ce type de matériaux sur le site de la sécurité civile du Fort de Corbas. Pire encore, il a révélé que le fort de Corbas ne disposait d'aucun moyen de protection particulier depuis sa vente au ministère de l'Intérieur en 2005. "Le fort de Corbas a été revendu par la Défense au ministère de l'Intérieur en 2005. Il était protégé à l'époque par des caméras, mais aujourd'hui, il ne reste que les carcasses. Des travaux étaient prévus en 2009 pour remettre des caméras et renforcer les entrées", a -t-il précisé.

"Un dossier (pour autoriser le stockage d'explosifs dans le fort) était en cours d'instruction (...) C'était un très bon endroit pour implanter ce genre de site puisqu'il n'y a aucun danger pour les populations alentours et ils (les responsables du site ) ont baissé leur garde, c'est un excès de confiance", a dénoncé Xavier de Fürst. Le fort de Corbas "dépend entièrement du ministère de l'Intérieur, d'ailleurs le dossier d'autorisation est instruit à Paris. Il est évident que si les choses s'étaient passées normalement, la préfecture et le maire de la commune auraient été au courant", a-t-il ajouté, précisant que les explosifs se trouvaient là "probablement depuis janvier ou février 2008".

"Une affaire prise très au sérieux".

Outre le lieu de la disparition, la date à laquelle ils ont été dérobés suscite également des interrogations. Si le vol a été constaté, vendredi, il semblerait qu'elle ait eu lieu il y a plusieurs jours. "Ces explosifs se trouvaient là probablement depuis début 2008: le chef du centre a anticipé le fait qu'il aurait une autorisation fin 2009 mais les mesures de sécurité n'étaient pas encore en place", a-t-il déploré. "C'est le centre de déminage qui a jugé plus commode de les stocker à cet endroit mais il a anticipé une autorisation à venir", a poursuivi le préfet, précisant que ni le maire de la commune, ni la préfecture, ni les gendarmes "n'étaient au courant" de ce stockage. Une enquête préliminaire a également été ouverte par le Parquet.

La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, est également montée au créneau vendredi soir, pointant du doigt "des défaillances avérées dans la sécurisation de ce site ". Elle "a immédiatement suspendu le chef de centre et diligenté une enquête administrative interne", selon un communiqué du ministère. Si l'affaire fait grand bruit, c'est en partie en raison de la dangerosité des produits dérobés. Dix kilos de Semtex peuvent casser un avion en deux mais un seul kilo de cet explosif, bien placé dans un appareil, peut conduire à une dépressuration telle qu'elle conduira à la chute de l'avion. Selon une source judiciaire, "c'est une affaire prise très au sérieux".

Six détonateurs et deux grenades non actives volés au fort de Corbas ont été retrouvés dimanche quelques km plus loin. Mais les 28 kg d'explosifs Semtex restent introuvables.
La section anti-terroriste du parquet de Paris est saisie des deux enquêtes.

Ce sont les pompiers qui, appelés dimanche matin pour un feu de broussailles dans une champignonnière à Saint-Fons, dans le Rhône, ont découvert les engins. Il y avait "six détonateurs" et "deux grenades non actives", détaille à LCI.fr une source proche du dossier, confirmant une information du quotidien local Le Progrès. "Ces éléments sont identifiés comme provenant du stock de matériel dérobé la semaine dernière au fort de Corbas", précise cette source, qui rappelle toutefois que le plus important et le plus dangereux, à savoir les 28 kg de Semtex sont toujours dans la nature. Cet explosif, très puissant, est très recherché par les terroristes en raison de son caractère quasiment indétectable. La section anti-terroriste du parquet de Paris est désormais saisie des deux affaires : le vol initial dans le Fort et cette découverte sur le site de la Balme à Saint-Fons.

Que faisaient ces engins sur ce terrain ? Devaient-ils être testés ? Le site se trouve non loin d'usines pétrochimiques classées Seveso. Les voleurs voulaient-ils seulement s'en débarrasser ? Sont-ils à l'origine de l'incendie ? A-t-on à faire à de petits délinquants ou à des terroristes ? Etc... Autant de questions auxquelles l'enquête, dirigée par la police judiciaire de Lyon devra répondre.

Le vol de 28 kilos de Semtex, découvert vendredi à Corbas, avait révélé de graves défauts de surveillance. Des défaillances dans la sécurisation du site "étant avérées", la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait annoncé avoir "immédiatement suspendu" le chef de centre et diligenté une enquête administrative interne. La préfecture de police du Rhône a reconnu samedi que les démineurs n'avaient pas l'autorisation de détenir un tel matériel dans cet ancien fort militaire où sont simplement stockées des munitions neutralisées. Il a également reconnu que les mesures de sécurisation recommandées n'étaient pas en place. Les caméras de surveillance du fort de Cobras n'étaient en fait que des coquilles vides depuis 2005. Le Semtex entreposé devait être utilisé pour faire exploser sur place des munitions de deux guerres non transportables.